jeudi 19 mai 2016

Emor : nos amies les bêtes






Lors du commentaire de la section A’harei Mot, nous sommes arrivés à la conclusion que pour beaucoup de penseurs juifs, les animaux avaient une âme. Ainsi nous avons lu que Le Rav Haïm Ben Attar (Rabbin marocain, 1696-1743) était un des premiers penseurs qui parla de l’âme des animaux.  Il écrivit à ce sujet : « Alors que le principe vital des espèces sauvages est contenu dans le sang, l’âme des animaux domestiques est d’une nature plus évoluée et elle se rattache à certains facteurs autres que le sang. »

Le Rav Munk nous apprenait que : « c’est pourquoi la Thora rappelle ici que l’âme de toute chair est son sang. Le sang des animaux, tels que les bêtes sauvages et les volatiles, qui « contient l’âme », sera couvert de terre par respect pour l’âme, de même qu’il a été ordonné d’ensevelir le corps humain par respect pour lui. »

La section de cette semaine, « Emor », nous parle de la souffrance des animaux. Chap. 22 V. 28 : « Mais un bovin ou un ovin, lui et son petit, vous ne les abattrez pas le même jour. »

Maïmonide écrit au sujet de cette loi un plaidoyer pour les animaux et nous comprenons par son explication que les animaux ressentent des émotions. Guide des Egarés, Chap. 3 : « Il a été défendu d’égorger le même jour la mère et son petit, afin que nous eussions soin de ne pas égorger le petit sous les yeux de sa mère ; car l’animal éprouverait, dans ce cas, une trop grande douleur. En effet, il n’y a pas, sous ce rapport, de différence entre la douleur qu’éprouverait l’homme et celle des animaux ; car l’amour et la tendresse d’une mère pour un enfant ne dépendent pas de la raison, mais de l’action de la faculté imaginative, que la plupart des animaux possèdent aussi bien que l’homme. »

Maïmonide continue son plaidoyer en écrivant que : « Si cette recommandation a été faite en particulier à l’égard de l’espace bovine et de l’espèce ovine, c’est parce que ce sont là des animaux domestiques qu’il nous est permis de manger et qu’on a généralement l’habitude de manger, et ce sont aussi les espèces dans lesquelles on sait distinguer la mère et son fils (Guide III,48)

Le Rav Munk nous enseigne que : « Le Zohar et Nahmanide adoptent également le motif de la cruauté tout en ne le rapportant pas à la douleur infligée à la mère, mais qui a pour but de nous habituer à la piété envers les animaux. »



La religion juive se veut protectrice des animaux comme nous le prouvent les textes suivants

La prière la plus importante du judaïsme est le « chéma Israël » Au second paragraphe de cette prière, nous récitons : « je donnerai de l’herbe à tes animaux et tu mangeras et tu te rassasieras. ». Le Talmud nous enseigne à propos de ce verset dans son Traité Berakhot, (40 a) que : « Tu dois d’abord donner à manger à tes bêtes, ensuite seulement tu peux te mettre à table toi-même pour manger »

Dans le livre de l’Exode au chapitre 23, verset 5, il est écrit : « Si tu vois l’âne de celui que tu hais ployant sous sa charge, t’abstiendrais-tu de l’aider ? Tu dois assurément l’aider à décharger cet âne. »



On peut lire dans le Talmud dans le traité Sanedhrin (38a) que : « Les animaux ont été créés le cinquième jour, l’homme le sixième jour seulement, afin qu’il ne puisse pas s’enorgueillir sur ses frères inférieurs qui l’ont précédé dans l’œuvre divine. »

Enfin, il est écrit dans le traité Baba Métsia que le maître de la Michna, le Rav Yehouda Hanasi a été puni par Dieu pour ne pas avoir pris en pitié un veau qui s’était échappé de l’abattoir, et qui s’était réfugié auprès de lui. Yehouda Hanasi l’avait renvoyé en disant : « Va, tu as été créé dans ce but » 

Pas toujours accessible, Kant se comprend très bien lorsqu’il écrit : « La cruauté envers les animaux est la violation d’un devoir de l’homme envers lui-même." 

Chabbat chalom

Eric Gozlan

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire