La section de cette semaine, « Pekoudei »,
termine le livre de l’Exode. Ce dernier est composé de onze sections qui
peuvent être séparées en deux ensembles. Du début du livre de l’Exode jusqu’à
la section Michpatim, le texte relate les différentes étapes de la sortie
d’Égypte. La deuxième partie qui débute à la section de Térouma a pour thème
principal la construction du Tabernacle.
Le mot « Pékoudei » signifie
« compter » et se réfère au décompte de l’or, de l’argent et du
cuivre que les Hébreux avaient offerts pour la construction du Tabernacle mais
aussi nous permet de nous interroger sur la valeur de l’individu.
Lisons le texte :
Chap. 38, V. 21 : « Voici les comptes
du Tabernacle, le Tabernacle du témoignage, comme établi par l’ordre de
Moïse ; service des Lévites, sous la direction d’Itamar, fils d’Aaron le
pontife. »
Nous allons essayer de comprendre pourquoi ce fut
Moïse lui-même qui donna ordre de vérifier les comptes.
Le Rav Munk nous enseigne que Moïse « était
certes au-dessus de tout soupçon en ce qui concerne l’emploi des fonds qui lui avaient
été confiés et on pouvait dire de lui ce que l’écriture rapporte au sujet des
directeurs des travaux de réfection du sanctuaire à l’époque du roi
Jonas : « on ne demandait pas de comptes aux hommes à qui l’on
confiait l’argent pour le remettre aux ouvriers, car ils agissaient avec
honnêteté. » »
Le Rav Munk nous apprend que Moïse a voulu, en donnant
l’ordre de vérifier les comptes, donner une leçon aux futurs administrateurs de
fonds publics. Ainsi, il écrit : « Moïse prit néanmoins
l’initiative d’exposer ses comptes en détail et cette conclusion du livre de
l’Exode est vraisemblablement destinée à donner l’exemple de la correction et
de la probité à tous les administrateurs de fonds publics, seraient-ils investis
de l’entière confiance des autorités suprêmes. Moïse tenait à présenter le
bilan des investissements afin de répondre au devoir moral « d’être quitte
envers Dieu et envers Israël » (Nbr.37,22). Il associa, en outre, Itamar,
fils d’Aaron, à ses attributions, étant donné « que les fonds publics ne
doivent pas être administrés par moins de deux personnes. » (Yoré Déa § 3)
Voici une leçon que certains devraient apprendre car
l’absence de transparence fait que beaucoup de fidèles ne veulent plus
« investir » dans les communautés par manque de confiance.
Le Rabbi de Loubavitch profite de cette section pour
s’interroger sur la valeur de l’individu. Pour lui : « Tout
décompte implique une interaction de concepts opposés. Le fait qu’il y ait
besoin de compter suppose qu’il existe une multitude d’éléments. Cependant,
lors d’un décompte, ce qui est pris en compte, précisément, n’est pas la
multitude, mais plutôt chacune des entités qui la composent. Et pourtant,
l’importance ultime de chaque élément réside dans le fait qu’il existe en tant
que partie d’un tout. »
Ainsi, nous comprenons que chaque personne doit être
consciente qu’elle est bien plus grande que ce qu’elle est en tant qu’individu
car elle fait partie d’un tout qui est la société.
Le Rabbi compare ensuite l’humain aux différents
éléments du Tabernacle :
« Mais en même temps, l’ensemble, forgé par la
combinaison de ces éléments, est bien plus que la somme de ses différentes
parties. Quand ils sont rassemblés, les différents constituants du Sanctuaire
reçoivent une importance qui dépasse leur valeur individuelle. »
Un des nombreux commentateurs du Rabbi de Loubavitch
écrit à propos des commentaires de ce dernier sur cette section que « nous
devons savoir qui nous sommes et ce que nous pouvons faire. Ensuite, de temps à
autre, il nous faut déterminer avec quelle efficacité nous utilisons nos
aptitudes et ce que nous avons accompli à travers elles jusqu’à présent.
L’ordre dans lequel nous procédons a également son importance : la
conscience de l’existence d’un potentiel donne l’élan et la force pour le
réaliser. »
Quelle belle conclusion pour terminer le livre de
l’Exode.
Eric Gozlan
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