jeudi 10 mars 2016

Pekoudei : qu’est-ce qui compte ?


La section de cette semaine, « Pekoudei », termine le livre de l’Exode. Ce dernier est composé de onze sections qui peuvent être séparées en deux ensembles. Du début du livre de l’Exode jusqu’à la section Michpatim, le texte relate les différentes étapes de la sortie d’Égypte. La deuxième partie qui débute à la section de Térouma a pour thème principal la construction du Tabernacle.

Le mot « Pékoudei » signifie « compter » et se réfère au décompte de l’or, de l’argent et du cuivre que les Hébreux avaient offerts pour la construction du Tabernacle mais aussi nous permet de nous interroger sur la valeur de l’individu.
Lisons le texte :

Chap. 38, V. 21 : « Voici les comptes du Tabernacle, le Tabernacle du témoignage, comme établi par l’ordre de Moïse ; service des Lévites, sous la direction d’Itamar, fils d’Aaron le pontife. »

Nous allons essayer de comprendre pourquoi ce fut Moïse lui-même qui donna ordre de vérifier les comptes.

Le Rav Munk nous enseigne que Moïse « était certes au-dessus de tout soupçon en ce qui concerne l’emploi des fonds qui lui avaient été confiés et on pouvait dire de lui ce que l’écriture rapporte au sujet des directeurs des travaux de réfection du sanctuaire à l’époque du roi Jonas : « on ne demandait pas de comptes aux hommes à qui l’on confiait l’argent pour le remettre aux ouvriers, car ils agissaient avec honnêteté. » »

Le Rav Munk nous apprend que Moïse a voulu, en donnant l’ordre de vérifier les comptes, donner une leçon aux futurs administrateurs de fonds publics. Ainsi, il écrit : « Moïse prit néanmoins l’initiative d’exposer ses comptes en détail et cette conclusion du livre de l’Exode est vraisemblablement destinée à donner l’exemple de la correction et de la probité à tous les administrateurs de fonds publics, seraient-ils investis de l’entière confiance des autorités suprêmes. Moïse tenait à présenter le bilan des investissements afin de répondre au devoir moral « d’être quitte envers Dieu et envers Israël » (Nbr.37,22). Il associa, en outre, Itamar, fils d’Aaron, à ses attributions, étant donné « que les fonds publics ne doivent pas être administrés par moins de deux personnes. » (Yoré Déa § 3)

Voici une leçon que certains devraient apprendre car l’absence de transparence fait que beaucoup de fidèles ne veulent plus « investir » dans les communautés par manque de confiance.

Le Rabbi de Loubavitch profite de cette section pour s’interroger sur la valeur de l’individu. Pour lui : « Tout décompte implique une interaction de concepts opposés. Le fait qu’il y ait besoin de compter suppose qu’il existe une multitude d’éléments. Cependant, lors d’un décompte, ce qui est pris en compte, précisément, n’est pas la multitude, mais plutôt chacune des entités qui la composent. Et pourtant, l’importance ultime de chaque élément réside dans le fait qu’il existe en tant que partie d’un tout. »

Ainsi, nous comprenons que chaque personne doit être consciente qu’elle est bien plus grande que ce qu’elle est en tant qu’individu car elle fait partie d’un tout qui est la société.

Le Rabbi compare ensuite l’humain aux différents éléments du Tabernacle :

« Mais en même temps, l’ensemble, forgé par la combinaison de ces éléments, est bien plus que la somme de ses différentes parties. Quand ils sont rassemblés, les différents constituants du Sanctuaire reçoivent une importance qui dépasse leur valeur individuelle. »

Un des nombreux commentateurs du Rabbi de Loubavitch écrit à propos des commentaires de ce dernier sur cette section que « nous devons savoir qui nous sommes et ce que nous pouvons faire. Ensuite, de temps à autre, il nous faut déterminer avec quelle efficacité nous utilisons nos aptitudes et ce que nous avons accompli à travers elles jusqu’à présent. L’ordre dans lequel nous procédons a également son importance : la conscience de l’existence d’un potentiel donne l’élan et la force pour le réaliser. »

Quelle belle conclusion pour terminer le livre de l’Exode.

Eric Gozlan


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