La Belgique et le monde ont vécu
des événements tragiques cette semaine : deux attentats simultanés ce mardi à
Bruxelles. Comme après chaque attentat, des bruits de bottes se font entendre.
Cette semaine, la communauté
juive va fêter "Pourim" en écoutant la Méguila d'Esther et, en fin de
semaine, va lire la section « Tsav ».
Nous allons voir comment ces deux
textes nous appellent à faire la paix et non la guerre.
Lisons le texte :
Lévitique, chap. 7, V. 37 et 38 :
« Telle est la loi de l'offrande d'élévation, de l'offrande de
farine, et de l'offrande de faute et de l'offrande de délit ; et des offrandes
inaugurales, et de l'offrande de festin de paix ; que Hachem a ordonnées à
Moïse sur le Mont Sinaï, le jour où il a ordonné aux enfants d'Israël
d'apporter leurs offrandes à Hachem dans le désert du Sinaï. »
Nous observons que l'offrande de
paix est citée en dernier. Nos sages ont écrit : « A’haraon, a'haron
haviv », ce qui peut se traduire par « le dernier est celui qui est
le préféré ». Ainsi l'offrande de la paix est la plus importante.
Les plus grands commentateurs du
Judaïsme ont toujours préféré la paix à la guerre. Ainsi Rabbi Chimone ben
Yohaï écrit que « Grande est la paix car toutes les bénédictions sont
contenues en elle. »
Rabbi Yossi le Galiléen nous
enseigne que « Grande est la paix, car même en temps de guerre, on
ne commence par la paix. »
Les textes bibliques appellent
aussi à la paix.
Psaume 29,11 : « Hachem
donne la force à son peuple, Hachem bénira son peuple par la paix. »
Deutéronome 20,10 : « Quand
tu t'approcheras d'une ville pour lui faire la guerre, tu l'appelleras d'abord
à la paix. »
Le Rav Munk nous enseigne à
propos des versets que nous avons cités plus haut que « la paix
apparaît ainsi comme étant le suprême objectif, étant donné que les שלמים (chlemim), dont le
nom est dérivé de שלום (chalom), sont
destinés à rétablir la paix entre la créature et le créateur, entre l'homme et
son prochain, entre l'individu et sa conscience. »
Nous voyons donc que le but
suprême de l'être humain est de vivre en paix avec lui-même et avec ses
semblables.
Plus loin, le Rav Munk rajoute que
« Pour nos Sages, la paix n'est pas une simple donnée de la création ni
une loi de la nature. Elle n'est pas davantage une doctrine morale de pacifisme
à outrance, recherchant la paix à n'importe quel prix, serait-ce le sacrifice
de principes sacrés et le renoncement catégorique à l'emploi de la force. Elle
suppose, au contraire, un effort permanent de la part de l'homme pour parvenir
à l'état où les antagonismes, les conflits et les contradictions de la société
sont enfin surmontés et où les éléments qui sont à leur base deviennent les
composants du vaste système d'harmonie universelle couronné par le Royaume de
Dieu sur terre. »
La Méguila d'Esther, texte que le
peuple juif lit à Pourim répond au Rav Munk sur la question du « pacifisme à outrance ».
Armand Laferrère résume l'histoire
de Pourim dans son livre : « La liberté des hommes, lecture politique
de la Bible » : « Le roi Assuérus, rendu paranoïaque par la
découverte d'un complot, donne tout pouvoir à son vizir Haman. Offensé par le
manque de respect que lui témoigne le Juif Mardochée, Haman - une des premières
victimes recensées de la maladie mentale appelée antisémitisme - obtient du roi
qu'il ordonne le massacre des Juifs du royaume. »
Le Livre d'Esther nous apprend
comment éviter la guerre :
- Nous devons connaître plus
de choses sur notre potentiel ennemi qu'il n'en connaît sur nous. Ainsi Mardochée
présente Esther à la Cour du roi sous le nom perse d'Hadassa et lui demande de
ne pas dévoiler sa judaïcité. Une fois introduite dans la Cour, Esther
apprendra tous les secrets du palais.
- Nous devons nous attirer la
sympathie de notre potentiel ennemi. Mardochée apprend que deux eunuques
complotent contre le roi. Il demande alors à Esther de prévenir le roi « de
la part de Mardochée » comme il est écrit dans le Livre d'Esther
(2,28).
- Nous devons prendre des
risques. Assuérus avait ordonné à tout son peuple de se prosterner devant
le roi. Seul Mardochée refuse et Haman convainc Assuérus d'ordonner
l'extermination des juifs. Face à la menace, Esther brave l'interdiction de se
présenter devant le roi sans y être invité pour lui proposer de partager un
repas entre Haman, le roi et elle-même. Au cours de ce repas bien arrosé,
Esther demande au roi : « Accorde-moi la vie, voilà ma demande et sauve
mon peuple, voilà mon désir ! Car nous sommes vendus, moi et mon peuple, pour
être détruits, égorgés, anéantis. Le Roi
Assuérus prit la parole et dit à la reine Esther : qui est-il et où est-il
celui qui se propose d'agir ainsi ? Esther répondit : l'oppresseur, l'ennemi,
c'est Haman, ce méchant-là » (Livre d'Esther 7, 3-6).
Haman sera
immédiatement pendu.
Nous voyons donc que par l'habileté
politique, tout peuple peut aussi se défendre contre un potentiel ennemi.
Pour conclure, je souhaite tout
d'abord citer la Mishna, Traité Avoth, chap. 1 qui nous dit : « Hillel
enseigne : soyez les disciples d'Aaron, aimez la paix et poursuivez la
paix. » Et enfin permettez-moi de former un vœu : Que nos
dirigeants soient plus Mardochée et Esther qu'Assuérus et Haman.
Eric Gozlan
arik.gozlan@gmail.com
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